Ciarán Owens dans le film de Jean-Philippe Daguerre Au revoir Monsieur Haffmann, la première mondiale en anglais d’une des nouvelles pièces les plus réussies de France.
Ciarán Owens est rejoint par Alexander Hanson, Lisa Dillon, Josefina Gabrielle et Nigel Lindsay. Traduite par Jeremy Sams et mise en scène par Lindsay Posner, la production débute au Ustinov à Bath Theatre Royal le 31 août, avec des avant-premières à partir du 24 août et jusqu’au 23 septembre.
Pièce française Au revoir monsieur Haffmann de Jean-Philippe Daguerre a été un succès commercial et critique en France, remportant quatre Molières dont celui de la meilleure nouvelle pièce. C’était l’une des plus longues pièces de théâtre en France et a récemment été adaptée au cinéma avec Daniel Auteil.
       
Jeux d’adieu, Monsieur Haffmann, que pouvez-vous nous dire sur cette pièce ?
C’est une bête tout à fait brillante et unique : un thriller de guerre absurdement comique une minute, bouleversant d’émotion la suivante. À travers l’objectif de Paris occupé par les nazis, il pose de grandes questions sur la façon dont les gens réagissent dans les circonstances les plus extrêmes imaginables; les choix douteux que font les bonnes personnes pour se protéger, les longueurs et les dangers que nous nous imposons, physiquement et émotionnellement, pour les personnes que nous aimons.
Qu’avez-vous ressenti à la lecture du scénario et qu’est-ce qui vous a donné envie d’endosser le rôle ?
C’était en effet un véritable page turner. Sans dévoiler de spoilers majeurs, il y a un accord extraordinaire qui est conclu au sommet de la pièce entre un couple marié et leur patron qui est si dramatiquement puissant, et la tension devient de plus en plus tendue au fur et à mesure que la soirée avance. La brillante Lindsay Posner a réuni une équipe de distribution et de création stellaire, avec qui je savoure la chance de travailler.
La pièce a été un énorme succès en France, comment pensez-vous que le public britannique réagira à cette adaptation anglaise ?
Il est révélateur dans son regard neuf sur une période que nous connaissons si bien, tout en s’adressant directement à notre époque. J’ai beaucoup appris à la fois sur la vie des Français ordinaires vivant sous le régime nazi et sur l’effroyable complicité du gouvernement français dans l’Holocauste.
Je pensais auparavant que l’héroïsme de la Résistance française était le geste social déterminant de cette époque en France, mais pour la grande majorité des gens, ils se concentraient uniquement sur la survie. La pièce met le public dans la peau de ces personnes, et les questions qu’elle pose sont malheureusement plus pertinentes pour un spectateur moderne qu’elles ne l’auraient été il y a dix ans.
Mais il porte ses leçons historiques avec aisance et se concentre vraiment sur la micro-dynamique de trois bonnes personnes vivant dans des conditions d’autocuiseur et comment ces forces externes peuvent changer la façon dont nous les voyons et interagissons avec ceux qui nous sont les plus proches.
Vous incarnez Pierre Vigneau, que pouvez-vous nous dire sur le personnage et qu’est-ce qui vous passionne le plus chez lui ?
Il a un arc vraiment excitant que j’ai hâte d’explorer : il commence comme un homme bon avec des intentions idéalistes dont la morale est mise à l’épreuve par la nécessité de rester en vie et de protéger sa famille, le conduisant au bord d’une radicalisation dangereuse.
       
Et selon vous, quel sera le plus grand défi pour vous ici en tant qu’acteur ?
Pierre a des œillères provocantes face au climat politique le plus effrayant, et la pièce explore à travers lui comment nous pouvons excuser ou même faciliter le fascisme en poursuivant tranquillement ce qui est le mieux pour nous-mêmes et en ignorant le sort de notre voisin. Il se demande comment un traumatisme ou une épreuve personnelle peut parfois ouvrir la porte à des convictions politiques extrêmes. Ce qui est difficile ici dans le jeu d’acteur, c’est de rendre ses actions parfois répugnantes plausibles de la part d’un personnage avec lequel vous continuez à sympathiser.
Mais le plus difficile est le fait que je dois faire des claquettes…
Que diriez-vous à quiconque envisage de réserver pour voir Farewell Mr. Haffmann ?
Le sexe, la trahison, l’amour et la perte sont tous au cœur de cette brillante pièce. Il vous fera tourner, rire, peut-être même pleurer, et vous fera certainement parler dans le bar après le spectacle.